« Aucune école n’est trop petite pour faire une différence » – enseigner la compassion et l’acceptation aux classes de toute taille
Averill Huxter est enseignante au primaire et au secondaire dans le village rural d’Escuminac, au Québec. L’école compte 30 élèves, dont plusieurs viennent de la Première nation de Listigui, et cinq enseignants. Certains élèves doivent faire plus de deux heures de route pour se rendre à l’école tous les jours.
« Je souhaite que mes élèves reconnaissent que tout le monde a de la valeur et quelque chose à contribuer, et que ce sont les différences qui font de nous des personnes meilleures – elles ne nous enlèvent pas de qualités », explique Mme Huxter. « Les différences propres à mes élèves font d’eux des personnes spéciales. S’ils se servent de leurs différences, ils pourront changer le monde. »
En 2017, Mme Huxter a été nommée par le Programme scolaire de la Fondation Rick Hansen (PSFRH) parmi les lauréats du prix « Personnes qui font une différence » dans la catégorie des éducateurs pour souligner le dévouement dont elle fait preuve en vue d’habiliter ses élèves à devenir une nouvelle génération de leaders.
La compassion au cœur du dialogue
Une fâcheuse situation peut se transformer en précieuse leçon de vie pour les élèves. Quand une chute de neige a forcé la fermeture de la petite école où enseigne Mme Huxter dans un secteur rural du Québec, cela a eu pour effet de reporter l’exposé que devait présenter un ambassadeur de la FRH. Répartis partout au Canada, les ambassadeurs sont des personnes ayant un handicap qui offrent aux élèves de la maternelle à la 12e année l’occasion d’en apprendre davantage sur la façon de surmonter les obstacles à l’accessibilité et à l’inclusion tous les jours. Les présentations ont lieu en personne ou en ligne.
Après s’être aperçue que ses élèves avaient de la difficulté à manifester de la compassion les uns envers les autres en classe, Mme Huxter a estimé qu’un exposé de la part d’un ambassadeur de la FRH pourrait être utile. Lorsque l’exposé n’a pas eu lieu le jour prévu, cela a suscité une discussion parmi les élèves au sujet de l’incidence possible qu’auraient des obstacles comme la neige sur les personnes à mobilité réduite.
On a alors mis au défi les élèves de penser à la difficulté accrue qu’aurait une personne en fauteuil roulant de se déplacer dans la neige. Ils ont réfléchi à la sensation de froid réduite propre aux personnes qui vivent avec la paralysie. Ils ont parlé pour la première fois de places de stationnement désignées. Un élève a affirmé ultérieurement qu’après en avoir appris sur l’accessibilité, elle insiste désormais pour que son père s’abstienne de stationner dans des places de stationnement réservées aux personnes ayant un handicap.
Quand l’ambassadrice Marjories Aunos a enfin présenté son exposé, elle a su enrichir la conversation tenue par élèves en y apportant une perspective personnelle. Mère d’un garçon, Mme Aunos vie avec la paraplégie. Les élèves ont été surpris d’apprendre qu’elle voyage et peut conduire une voiture. Mme Aunos a expliqué comment son fils, soucieux du handicap de sa mère, est constamment conscient des obstacles auxquels elle pourrait être confrontée. Par exemple, lorsqu’ils se promènent ensemble dans un parc, son fils regarde en avant pour repérer les obstacles à enlever, facilitant ainsi à Mme Aunos la tâche de se déplacer.
« Cela nous a énormément aidés. Comme on le sait déjà, notre emplacement en milieu rural ne nous offre pas beaucoup d’occasions de recevoir des conférenciers », raconte Mme Huxter. « Je trouve vraiment génial qu’une école comme la nôtre soit en mesure de bénéficier de la présence d’une ambassadrice et de faire le même impact qu’une école en ville. Le fait d’inviter quelqu’une venant de loin à rendre visite aux élèves de notre classe en ligne et à leur enseigner à voir une région différente du monde dans une optique différente a été d’une grande utilité. »
Faire connaître un monde de possibilités
À l’automne 2015, Mme Huxter a été initiée au PSFRH à l’occasion d’une conférence organisée à l’intention des enseignants où M. Hansen était le conférencier principal. Elle se souvient de l’avoir encouragé avec sa famille depuis le bord de la route en Nouvelle-Écosse à l’occasion de la Tournée mondiale Rick Hansen.
Elle a quitté la conférence des enseignants les bras pleins de ressource. Pourtant, les exposés d’ambassadeurs ont eu, de loin, le plus grand impact sur elle et ses élèves.
« Ces exposés permettent à mes élèves de mieux connaître le monde qui existe à l’extérieur de leurs petites bulles », explique-t-elle. « Bien que mes élèves n’aient forcément pas un membre de leur famille ayant un handicap, il est dorénavant possible qu’ils soient davantage sensibilisés à la situation dans le cas où ils verraient une personne ayant un handicap », affirme-t-elle.
Mme Huxter croit que les ressources du PSFRH aident à animer des discussions fructueuses et sont rédigées de façon à orienter la démarche entreprise par les enseignants pour mener ces conversations. Même si les élèves ne semblent pas avoir internalisé les enseignements au début, elle estime qu’ils réfléchissent de plus en plus à ce qu’autrui pourrait vivre face à des défis.
En plus de reconnaître l’adoption par ses élèves d’attitudes positives, elle a été personnellement touchée par le PSFRH et montre un désir continu de faire part de ses enseignements à ses élèves.
« Quand je pense aux mentalités des personnes qui parviennent à relever les défis auxquels elles sont confrontées, cela me donne l’impression de pouvoir mieux surmonter mes propres défis », souligne-t-elle. « On ne peut tout simplement pas enseigner à la foule, il faut se concentrer sur chacun des enfants pour recenser ses forces et l’aider à s’épanouir », ajoute-t-elle.
Devenir une personne qui fait une différence
Comme l’une des lauréates du prix de la FRH « Personnes qui font une différence » pour 2017, Mme Huxter a reçu un certificat qui souligne sa contribution exceptionnelle visant à accroître la sensibilisation à l’égard des obstacles comportementaux ainsi qu’à inspirer l’acceptation d’autrui et l’empathie envers autrui.
Elle a trouvé encourageant de voir l’influence positive qu’elle a exercée au sein de sa communauté en initiant sa direction et le corps enseignant au PSFRH.
« Ils m’ont dit que n’eût été de mes efforts, nous n’aurions pu faire une aussi grande différence dans la vie de nos élèves », affirme-t-elle. Quoiqu’il faille du temps pour faire changer les attitudes, Mme Huxter est emballée de voir à quel point ses élèves s’épanouiront au fil des ans.
Puisque les ressources s’intègrent facilement dans les programmes d’études provinciaux et territoriaux, elles offrent un moyen facile de sensibiliser les élèves aux handicaps, à l’accessibilité et à l’inclusion.
« Je n’hésiterais pas du tout à recommander le PSFRH à d’autres enseignants », souligne-t-elle. « Les leçons sont prêtes à enseigner! »